Au début du xxe siècle, les Oblats francophones, venus de France, ont eu le temps de se « canadianiser ». Ils prennent plus volontiers part aux grands débats politiques et linguistiques qui agitent le pays depuis la Confédération de 1867. Plusieurs d’entre eux comptent parmi les membres les plus actifs de la résistance franco-ontarienne au Règlement XVII qui, entre 1912 et 1927, interdit l’usage du français dans les écoles de l’Ontario au-delà de la deuxième année du cycle primaire.
Les engagements des Oblats d’Ottawa à ce chapitre sont nombreux. En 1910, ils jouent un rôle de premier plan dans la fondation, puis dans les activités de l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario. Le père Charles Charlebois fera partie de son exécutif pendant de longues années. Trois ans plus tard, les Oblats lancent le journal Le Droit pour défendre la cause franco-ontarienne. Le même père Charles dirigera le quotidien jusqu’en 1934. En 1923, alors que le français est presque totalement banni du système scolaire ontarien, les Oblats posent un geste audacieux en mettant sur pied une école de pédagogie entièrement de langue française qu’ils rattacheront à l’Université d’Ottawa. L’engagement politique des Oblats canadiens-français attise cependant le mécontentement de leurs confrères anglophones, qui persuadent le pape et ses conseillers d’indiquer la voie de la modération aux nationalistes canadiens-français les plus militants. Au lendemain de la crise du Règlement XVII, les Oblats, sans cesser de contribuer au développement des Franco-Ontariens, seront, en effet, moins prompts à dégainer.