Capsule

Se battre pour un accent

 « Parfois le combat pour le respect de la langue française peut tourner autour d'un simple accent aigu1 ». Pierre Allard, journaliste et blogueur, nous explique pourquoi cette question de l’accent est devenue si importante pour les francophones d’Orléans. Il rappelle les transformations subies par l'ancien village d'Orléans, en banlieue est d'Ottawa, où l'étalement urbain est venu complètement renverser les proportions entre francophones, majoritaires jusque-là, et anglophones qui formeront bientôt les deux tiers de la population. « Et Orléans se met alors à perdre son accent aigu… dans la municipalité, sur les panneaux institutionnels, sur les bannières commerciales...2 ».

Des citoyens s’en inquiètent et pressent les deux municipalités dont relève Orléans, celle de Gloucester à l’ouest et de Cumberland à l’est, de se prononcer en faveur de l’utilisation de l’accent. Les deux conseils adoptent la résolution d’inscrire « Orléans » avec l’accent dans les registres officiels à l’été 1990. Ils interviennent auprès de la Commission de toponymie de l’Ontario pour qu’elle statue en ce sens, ce qui sera fait. Il faudra toutefois attendre encore quatre ans avant que « Orleans », sans accent, soit retiré des noms officiels.

Orléans a donc retrouvé officiellement son accent aigu en 1994. Mais sur le terrain, on tarde à se conformer à la toponymie officielle. La Société franco-ontarienne du patrimoine et de l'histoire d'Orléans, fondée en 2011, a fait de cette question de l’accent son cheval de bataille. Les études qu’elle a réalisées en 2012 révèlent que son utilisation reste rare chez les commerces dont le nom comporte « Orléans ».

Pourquoi donner tant d’importance à cette question d’accent?  Louis V. Patry, qui mène la bataille de l’accent depuis des années, l’explique : « Orléans avec l’accent représente les racines d’Orléans, ses fondateurs, son patrimoine culturel francophone, et rappelle qu’Orléans a été, pendant la majeure partie de son histoire, majoritairement francophone3 ».

 

1 Pierre Allard, le blogue. Lutter pour un accent aigu ou un trait d'union? Le 9 mai 2016.

2 Ibidem.

3 Louis V. Patry, « L’accent sur Orléans. D’Orléans, France, à Orléans, Ontario », Le Chaînon, automne 2015, p. 48.