Le combat d'une vie

La Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme a eu des incidences profondes sur le cours de l’histoire des francophones au Canada. En concluant sans ambages dans le premier livre de son rapport final, paru en 1967, à la nécessité de faire de l’anglais et du français les langues officielles du Parlement du Canada, des tribunaux fédéraux, du gouvernement fédéral et de l’administration fédérale, elle ouvre la voie à l’adoption de la Loi sur les langues officielles, à peine deux ans plus tard. La loi proclame l’anglais et le français langues officielles du Canada. Elle stipule en outre que les citoyens ont le droit de recevoir des services des administrations fédérales ou des sociétés de la Couronne, d’être entendus devant un tribunal fédéral ou de travailler dans la fonction publique, dans la langue officielle de leur choix.  Mais encore fallait-il que cette loi soit mise en œuvre. Des parlementaires en ont fait le combat de leur vie. C’est le cas de deux députés d’Ottawa-Vanier : Jean-Robert Gauthier et Mauril Bélanger.

Jean-Robert Gauthier est élu député d’Ottawa-Est en 1972, sous la bannière du Parti libéral du Canada. Il est réélu dans le même comté, désigné désormais comme celui d’Ottawa-Vanier, à plusieurs reprises entre 1974 et 1993. Il siégera au Sénat de 1994 à 2004. Tout au long de sa carrière, il mènera un travail acharné pour assurer la pleine reconnaissance et l’usage du français dans la société canadienne. N’eût été de ses interventions répétées, la Loi sur les langues officielles n’aurait probablement pas été revue en 1988 pour inclure des dispositions sur la responsabilité expresse des institutions fédérales de prendre des mesures pour faire la promotion des langues de la minorité. C’est aussi à son initiative que la loi sera à nouveau modifiée en 2005 pour lui donner encore plus de mordant. Le sénateur Gauthier est décédé en 2009. À Ottawa, une école élémentaire catholique porte son nom. 

Mauril Bélanger lui succède dans Ottawa-Vanier en 1995, suite à une élection complémentaire. Il est réélu sept fois, avec de fortes majorités, jusqu’à son décès en 2016. Mauril Bélanger suit les traces de son prédécesseur en faisant du respect de la Loi sur les langues officielles un de ses principaux chevaux de bataille.  Il a été un acteur marquant du Comité permanent des langues officielles. On se rappelle qu’il le quitte avec fracas en 2012, lui reprochant son caractère partisan depuis l’élection d’un gouvernement conservateur majoritaire. Il a été de toutes les luttes de la francophonie d’Ottawa. Mauril Bélanger figure parmi les fers de lance de la bataille pour la sauvegarde de l’hôpital Montfort. Il s’est investi dans la création de la Nouvelle Scène, centre de théâtre francophone d’Ottawa, et convainc le gouvernement fédéral d’y injecter 500 000 $ de plus que prévu. Unique FM ne serait jamais entré en ondes sans le flair politique qui a été le sien et qui lui a gagné les appuis nécessaires aux causes qu’il a soutenues.

 

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Jean-Robert Gauthier, grand défenseur de la cause franco-ontarienne. Photo illustrant l'article de Caroline Barrière, « Un grand défenseur de la cause franco-ontarienne », paru dans le journal Le Droit, 11 décembre 2009. Photo : Le Droit.

Journal Le Droit, 040922 Gauthier JR -1 CO.

Photographie en couleur d’un homme d’un certain âge souriant. Il porte des lunettes et un costume-cravate. Il est debout entre un drapeau franco-ontarien et un drapeau canadien.