Capsule

Le « père Charles »

Dès la promulgation du Règlement XVII en juin 1912, le « père Charles », comme on l’appelle déjà familièrement, insiste pour mettre sur pied un journal.  Existe-t-il de meilleure arme pour mobiliser l’opinion publique contre cette réglementation qui sonne le glas de l’enseignement en français en Ontario ? De moyen plus efficace pour rallier les forces vives de l’Ontario français autour d’un même projet d’y résister ? La société éditrice du futur quotidien, le Syndicat d’Œuvres sociales Ltée, est fondée en novembre et le premier numéro du Droit paraît en mars 1913.

Le père Charlebois tiendra les rênes du journal et en sera la principale autorité morale pendant toute la durée du conflit scolaire. C’est lui qui s’assurera, jour après jour, que la « une » et l’éditorial du Droit viendront à la défense des écoles françaises et du droit des francophones à vivre dans leur langue nationale.

Mais le radicalisme du père Charlebois ne fait pas l’unanimité. Plusieurs chefs de files francophones de la capitale préconisent d’autres stratégies dans les relations avec la majorité. Charlebois est limogé : en 1930, les Oblats l'écartent du Droit et, quatre ans plus tard, le contraignent à quitter à la fois l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario (ACFEO) et la région d'Ottawa. Il est muté au scolasticat de Sainte-Agathe-des-Monts, dans les Laurentides, où il occupera les fonctions de supérieur avant de s'éteindre à Montréal en 1945.