Peu de femmes auront autant marqué l'histoire du mouvement féministe en Ontario français et, plus particulièrement, à Ottawa, qu'Almanda Walker-Marchand.
Née en 1868 d'un père britannique et d'une mère canadienne-française, elle s'établit à Ottawa vers l'âge de 20 ans dans le quartier Côte-de-Sable. Mère de neuf enfants, dont deux fils qui s'enrôlent dans les rangs militaires, elle fonde en 1914 la Fédération des femmes canadiennes-françaises (FFCF). Premier regroupement laïc de femmes de langue française à l'extérieur du Québec, la FFCF s’emploie d’abord à coordonner l’effort de guerre des femmes francophones. Mais l’organisme élargira rapidement son champ d’action à diverses œuvres charitables, religieuses et patriotiques, sous la houlette de celle qui sera sa présidente pendant plus de 30 ans. C’est ainsi que la FFCF sera aux premières loges de la lutte contre le Règlement XVII, en recueillant des fonds jusqu’à Montréal et à Québec pour venir en aide aux écoles ontariennes « résistantes ».
Proche amie du premier ministre Wilfrid Laurier et de sa femme, Zoé Lafontaine, Almanda Walker-Marchand fait partie de ces féministes de la première vague, associées le plus souvent aux suffragettes qui militaient pour le droit de vote des femmes. Mais son œuvre dépasse largement la sphère des droits civiques, pour inclure le droit des femmes francophones à l’éducation et au travail. Elle militera notamment en faveur de l'embauche d'infirmières bilingues à Ottawa et multipliera les interventions sur la nomination de femmes francophones à des postes clés de la fonction publique. Au fil des années, Almanda Walker-Marchand va nouer plusieurs liens avec divers regroupements féministes du Canada anglais et du Québec, faisant ainsi de la FFCF un maillon très important du réseau associatif féminin au Canada. Elle s'éteint le 4 janvier 1949. Lucie Brunet a écrit la biographie de cette femme remarquable.