Les filières du secondaire

À Ottawa, comme ailleurs en Ontario, l’enseignement au secondaire en français dépendra presque exclusivement de l'Église, jusqu’au milieu des années 1960.  L’Église catholique est la seule à disposer des ressources financières et humaines nécessaires au maintien d’écoles secondaires de langue française, qui, parce qu’elles sont confessionnelles, ne bénéficient pas d’un financement public. 

Le cours classique, offert aux garçons, les destine aux professions libérales ou à la prêtrise. Les filles ont accès à des études académiques, ou commerciales pour celles qui prévoient intégrer le marché du travail avant de se marier. Les Frères des écoles chrétiennes sortent des sentiers battus en 1879. Ils fondent une école privée de science et de commerce à l’intention des classes moyennes et populaires. Cette école, qui deviendra l’Académie De-La-Salle en 1898, fait toujours la fierté des francophones d’Ottawa. L’école secondaire publique De La Salle est aujourd’hui connue pour son Centre d’excellence artistique, unique en Ontario français. 

À partir des années 1930, le gouvernement provincial autorise l’implantation du cours special french dans les high schools publics. Les jeunes francophones peuvent désormais poursuivre une partie de leur formation secondaire en français à un coût moindre que dans les établissements privés. Conscients de la menace qui pèse sur eux, ces derniers livreront dès lors aux high schools bilingues une concurrence féroce, faisant valoir la supériorité de leurs programmes et de leur environnement académique plus français. 

La situation devient intenable au tournant des années 1960. Sans soutien financier du gouvernement, les collèges privés ne peuvent soutenir la concurrence avec les high schools bilingues  qui fleurissent en province. Nombre d’entre eux se voient contraints de fermer leurs portes. Pour préserver leur réseau qui est sur le point de s’écrouler, ils choisissent de se joindre, en 1968, aux conseils scolaires publics anglophones, pour former un premier noyau d’écoles secondaires publiques de langue française.

 

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L'Académie De-La-Salle, Ottawa, [ca 1908]. Copie d’un imprimé : F.M. Cyrille, é.c., Vers les cîmes, Montréal, 1936, p. 55.

Université d'Ottawa, Collection générale du Centre de recherche en civilisation canadienne-française (C38), Ph123ph1-I-102.

Dessin en noir et blanc d’un édifice en pierre de quatre étages, orné d'une élégante façade classique et d'un toit évasé, coiffé par une lanterne.

Groupe d'élèves de l'école secondaire de l'Université d'Ottawa

Groupe d'élèves de l'école secondaire de l'Université d'Ottawa sur la terrasse de [l'aile des Pères] aujourd'hui, terrasse du pavillon Tabaret, [ca 1940]. Dès sa fondation, et ce, jusqu’à la mise sur pied d’un réseau d’écoles publiques de langue française en Ontario à la fin des années 1960, le Collège de Bytown offre un enseignement au niveau secondaire. L’école secondaire de l’Université d’Ottawa était parmi les plus prestigieuses de la capitale.

Université d'Ottawa, Archives de l'Université d'Ottawa, AUO-PhO-38A-2-776.

Photographie en noir et blanc d’environ quatre-vingts jeunes garçons, devant un édifice en pierre. Ils sont agenouillés dans la première rangée, assis dans les deux suivantes et debout dans les cinq autres. Tous les garçons portent des costumes et certains portent aussi la cravate. Trois prêtres en soutane sont assis au centre du groupe.

Discours de Mgr Joseph-Aurèle Plourde

Texte du discours prononcé par Mgr Joseph-Aurèle Plourde, archevêque d’Ottawa, au club Richelieu d’Ottawa, 1er mars 1967, p. 1-4. L’archevêque d'Ottawa donne son aval au projet d’établissement d'écoles secondaires publiques de langue française.

Université d'Ottawa, CRCCF, Fonds Laurent-Isabelle (P38), P38/6/1.

Discours dactylographié, en français. Le titre, le lieu et la date apparaissent en haut de la page 1 et les numéros de pages figurent dans le coin supérieur droit des pages 2 à 4. Certains mots ou phrases sont soulignés.
Discours dactylographié, en français. Le titre, le lieu et la date apparaissent en haut de la page 1 et les numéros de pages figurent dans le coin supérieur droit des pages 2 à 4. Certains mots ou phrases sont soulignés.Discours dactylographié, en français. Le titre, le lieu et la date apparaissent en haut de la page 1 et les numéros de pages figurent dans le coin supérieur droit des pages 2 à 4. Certains mots ou phrases sont soulignés.Discours dactylographié, en français. Le titre, le lieu et la date apparaissent en haut de la page 1 et les numéros de pages figurent dans le coin supérieur droit des pages 2 à 4. Certains mots ou phrases sont soulignés.

« L’école secondaire française en Ontario »

Dépliant promotionnel sur l'école secondaire française en Ontario. Des jeunes s’y expriment sur les atouts de l’école française, sans égard à la distinction entre le secteur catholique et le secteur public non confessionnel, Ottawa, décembre 1984.

Université d’Ottawa, CRCCF, Fonds Association des enseignantes et des enseignants franco-ontariens (C50), C50-12-2-17recto.

Dépliant promotionnel en couleur, en français. Une première photographie représente un adolescent entouré de sa famille, les quatre autres des jeunes en milieu scolaire. Des bulles de texte reproduisent les paroles des adolescents.

Déclaration de William Davis

« Points saillants de la déclaration de William Davis, Premier ministre de l’Ontario », permettant aux conseils des écoles catholiques d'instaurer un système complet d'éducation aux niveaux élémentaire et secondaire. Annexe parue dans le no 164 de la revue En bref, Ottawa, 12 juin 1984.

Université d’Ottawa, CRCCF, Collection de périodiques du CRCCF, PER648_no164_14juin1984_Annexe.

Document imprimé, en français sur papier orangé. La page 1 inclut deux logos de l’AEFO, le titre du document est en majuscules et souligné, deux colonnes de points saillants et une boîte de texte, sur le but et le mandat de la commission. La page 2 présente une série d’avis.
Document imprimé, en français sur papier orangé. La page 1 inclut deux logos de l’AEFO, le titre du document est en majuscules et souligné, deux colonnes de points saillants et une boîte de texte, sur le but et le mandat de la commission. La page 2 présente une série d’avis.

« Obtenir la gestion de nos écoles »

Pierre de Blois est président du conseil régional d'Ottawa-Carleton de l'Association canadienne-française de l'Ontario, de 1976 à 1980, période de mobilisation assez intense de la communauté dans le dossier scolaire. Photo : Caroline Ramirez.

Extrait de l'entretien «grand témoin», accordé au Centre de recherche en civilisation canadienne-française par Pierre de Blois, dans le cadre du projet «Construction dʼune mémoire française à Ottawa : savoirs communautaires et réseaux sociaux», 2012.

Université d'Ottawa, CRCCF, Projet Chantier Ottawa, Pierre deBlois - La gestion de nos écoles.

Photographie en couleur d’un homme d’âge mûr, portant la barbe. Vêtu d'une chemise carreautée, il sourit à la caméra. Il est assis à une table. Derrière lui, une bibliothèque.
Transcription

Le gros dossier qui a fait pencher les choses pour moi, c’est quand, en 1976, on a décidé à l’ACFO d’Ottawa-Carleton, avec l’aide de Gérard et d’autres, de former un comité pour demander la gestion de nos écoles. 

Alors, en 1976, selon nous, il était temps de commencer à gérer nos propres écoles, d’avoir nos conseils scolaires parce qu’à ce moment-là, les conseils scolaires étaient des conseils catholiques. Les francophones se présentaient aux conseils des écoles catholiques, qui étaient moitié anglais, moitié français. Les francophones ne se présentaient jamais aux conseils des écoles publiques parce qu’il n’y avait pas d’école publique francophone. Il y avait des écoles publiques francophones au niveau secondaire, mais tout ce à quoi on avait droit, c’était d’avoir un comité consultatif. On n’avait vraiment pas la gestion des écoles secondaires à ce moment-là. 

Alors, comme je vous le disais, à l’ACFO, j’avais essayé de convaincre le conseil. On avait réussi à convaincre le conseil de s’ouvrir, de s’élargir, d’aller chercher des gens et d’avoir quatre, cinq grands dossiers sur lesquels on allait travailler. Le plus important était  d’obtenir la gestion de nos écoles, de nos conseils scolaires. Dans ce temps-là, on les appelait les conseils scolaires homogènes, francophones. Ma vision, notre vision, c’était d’avoir un conseil francophone avec des écoles mixtes dans lesquelles il y aurait une aile catholique, des cours pour les catholiques. 

Évidemment, les catholiques francophones n’aimaient pas cette idée du tout. C’est pour cela qu’il y a eu toute sorte de conflits, de compromis. Cela a été plus difficile de convaincre les francophones, les Franco-Ontariens du besoin, de la nécessité des conseils scolaires homogènes que, une fois leur unité faite, de convaincre les anglophones parce que les catholiques avaient énormément peur de perdre ce qu’ils appelaient leurs « droits acquis ».

Des écoles séparées
L’Université d’Ottawa ou le pari du bilinguisme