Bytown et ses premiers Canadiens français

Dès sa naissance, Bytown accueille de nombreux francophones. Ils font partie du millier de travailleurs venus dans la région pour participer à la construction du canal Rideau, un ouvrage à vocation défensive entrepris par le gouvernement britannique à partir de 1827. Attirés par le commerce du bois, d’autres Canadiens français les rejoindront bientôt dans ce qui n’était alors qu’un avant-poste militaire. Grâce à l’industrie forestière, l’économie de la région connaîtra un second souffle au début des années 1840. L’histoire des Canadiens français se confond avec celle de la ville. 

Le bois n’est pas traité à Bytown, qui ne compte qu’un moulin à scie en 1841, deux en 1846, en plus d’une usine de bardeaux. Toutefois, les chutes des Chaudières sur la rivière des Outaouais obligent le démantèlement complet des radeaux de bois transportés depuis la haute vallée de l’Outaouais jusqu’au port de Québec. Les équipes de travail, nombreuses en saison, alimentent ainsi un commerce important. Une poignée de petites industries s’y greffent, mais Bytown n’est guère plus alors qu’un centre d’approvisionnement et de services pour l’industrie du bois. Les marchands y tiennent le haut du pavé, avec quelques professionnels, comptables, médecins et avocats. Des Canadiens français sont du groupe.

On recense déjà 38 magasins à Bytown en 1841, pour une population d’à peine 3 000 habitants. Quatre ans plus tard, leur nombre a augmenté à 51. La ville compte en 1849, 54 maisons de chambres, qui accueillent une importante population de passage. Celle-ci fréquente les tavernes, maisons de jeu, bordels que possèdent et gèrent un groupe de commerçants. Ce sont ces derniers qui tiennent les rênes de Bytown. Certains sont eux-mêmes engagés dans l’industrie forestière, d’autres spéculent sur les terrains de la ville, d’autres encore font de la politique. 

La population de Bytown vit presque exclusivement à la Basse-Ville, bien située à l’intersection du canal, de la rivière des Outaouais et des chemins qui mènent vers les fermes établies aux pourtours de la ville. Un plan de Bytown de 1842 montre que le quartier a déjà la forme qui la caractérisera pendant près d’un siècle. L’église Notre-Dame loge rue Sussex, non loin des commerces et des affaires qui sont aussi conduites rue Rideau, alors que la ville plus modeste s’étend derrière. On y trouve peu de maisons de pierre et de brique avant les années 1840, sauf pour celles construites par la Couronne qui est propriétaire des terrains. Le legs de la première génération de résidents de la Basse-Ville consiste plutôt en quelques rares petites maisons de bois, qui, telle la maison Flavien-Rochon, ont résisté au passage du temps.

 


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Lithographie illustrant une vue de la Basse-Ville d'Ottawa, « Ottawa City, Canada West, Lower Town », [Ottawa], [ca 1855]. Attribuée à Edwin Whitefield (1816-1892), series Whitefield's Original Views of North American Cities No. 35.

Source : Bibliothèque et Archives Canada, Temporary record for orphaned ICON records, MIKAN 2934242, C-014344.

Lithographie en noir et blanc d’une petite agglomération entourée d’arbres et surplombant un cours d’eau. Une église se démarque du paysage.Lithographie en noir et blanc d’une petite agglomération entourée d’arbres et surplombant un cours d’eau. Une église se démarque du paysage.