Le 17 avril 1982, lors d’une cérémonie au cours de laquelle Elizabeth II appose sa signature au bas de la nouvelle Constitution canadienne, donnant ainsi au pays son indépendance législative de l’Angleterre, un élu de la région d’Ottawa brille par son absence. Le député d’Ottawa-Vanier, Jean-Robert Gauthier, n’est pas des cérémonies, préférant participer à une réunion internationale au Nigeria. Il avait voté, quelques mois plus tôt, contre le projet de son propre gouvernement de rapatrier la Constitution, en larmes disait-on. Il avait alors soulevé l’ire du premier ministre Pierre Elliott Trudeau.
La communauté franco-ontarienne n’a pas obtenu ce qu’elle cherchait en 1981. Pendant les quatre années de négociation menant au rapatriement de 1981-1982, ses porte-parole, Jean-Robert Gauthier en tête, avaient demandé le bilinguisme institutionnel dans toutes les provinces, l’instruction dans la langue de la minorité, de l’élémentaire au postsecondaire, et la gestion des établissements scolaires. Or, la Charte de 1982 n’accordait aucune de ces requêtes. L’Ontario français obtenait seulement la garantie que son réseau d’écoles secondaires serait parachevé, mais uniquement là où le nombre le justifie.
Jean-Robert Gauthier en sera profondément déçu. « Un peuple vient d’être enchâssé en deuxième classe », déclarait-il alors. Il ajoutait que « Trudeau, en voulant briser le lien colonial avec la Grande-Bretagne, l’a fait sur le dos des francophones1 ».
1 « Un peuple vient d’être enchâssé en deuxième classe », Le Droit, 8 décembre 1981.