Capsule

Le legs de Bernard Grandmaître

Le préambule de la Loi sur les services en français (loi 8) reconnaît « l’apport du patrimoine culturel de la population francophone ». Il reconnaît aussi le désir du gouvernement de l’Ontario de « le sauvegarder pour les générations à venir ». Le père de la loi 8, Bernard Grandmaître, sera particulièrement fier de ce texte juridique, dont il dira qu’il s’agit du « plus important de l’histoire de l’Ontario français à avoir été rédigé et adopté par un gouvernement de cette province1». Son biographe, Adrien Cantin, mentionne que le politicien le récite encore presque de mémoire des décennies plus tard.

Le préambule de la loi 8 est un énoncé fondamental. Il forcera la création d’un collège entièrement de langue française à Ottawa. Rappelons le fil des événements. Au printemps 1997, un groupe de travail est mandaté pour produire un plan d’action afin que le Collège Algonquin soit désigné établissement bilingue, en vertu de la loi 8. Ce groupe de travail conclut que si le collège désire respecter l’esprit et la lettre de la loi, il se doit d’explorer des voies autres que le bilinguisme. Si son mandat l’empêche de le recommander lui-même, le groupe de travail souligne en première page de son rapport la prise de position unanime de la communauté pour  la création d’un 23e collège communautaire autonome francophone.

On doit aussi au préambule de la loi 8 d’avoir sauvé l’hôpital Montfort. La Cour divisionnaire de l’Ontario, devant laquelle sa cause a été portée, sera on ne peut plus claire : fermer l’hôpital Montfort, c’est pour le gouvernement de l’Ontario contrevenir aux intentions de sa propre Loi sur les services en français. Car, aux yeux de la Cour, Montfort c’est bien plus qu’un hôpital, c’est un porte-étendard de la collectivité francophone en Ontario, un symbole de la force et de la vitalité de cette collectivité.  Elle rappellera qu’il est dans l’intention du législateur de sauvegarder de tels éléments du patrimoine culturel de la francophonie d’Ottawa pour les générations à venir.

 

 

1 Adrien Cantin, Bernard Grandmaître. Le père de la loi 8.  Ottawa, Centre franco-ontarien de ressources pédagogiques, 2012, p. 47.