L’œuvre de Daniel Poliquin est dépositaire de la mémoire de la ville et de ses différents quartiers, dont elle raconte l’histoire. Par exemple, La kermesse (2006) fait revivre les plaines LeBreton au début du xxe siècle, c’est-à-dire avant l’expropriation que les habitants ont subie dans les années 1960. Le réaménagement d’un autre quartier francophone d’Ottawa, la Basse-Ville Est, également survenu dans les années 1960, est mentionné dans L’historien de rien (2012). Le roman raconte les transformations vécues par la communauté francophone d’Ottawa à cette époque :
L’Église perdait ses fidèles, le quartier perdait du monde, la communauté francophone déménageait au Québec ou en banlieue, même les personnes changeaient de visages avec l’habillement jeune, les coiffures, les lunettes. Tout changeait ! La musique, les magasins, les restaurants, même certains noms de rues. Des édifices entiers qui étaient pour nous des repères depuis toujours étaient démolis, des rues étaient effacées de la carte, surtout dans la basse-ville, et de nouvelles artères apparaissent là où il n’y avait eu que des champs ou des usines vétustes du temps de la guerre, la vraie1.
Les livres de Poliquin transmettent aussi la mémoire de la ville en mettant en scène des hauts lieux de la vie francophone, universitaire et artistique d’Ottawa qui n’existent plus, comme le Wasteland, sur la rue Laurier; le café Wim, dans le marché By; et le bar l’Équinoxe, de l’Université d’Ottawa.
1 Daniel Poliquin, L’historien de rien, Montréal, Boréal, 2012, p. 136.