La chanson d’ici

Les premières chansons « contemporaines » de l’Ontario français viennent du Nord. Elles ont été créées au théâtre, pour la pièce Moé j’viens du Nord, ’stie, puis enregistrées par Robert Paquette. Elles sont aussi associées à la fondation de CANO, à son premier spectacle « Le Gros Show », présenté au centre culturel La Slague de Sudbury. Il ne faut cependant pas croire que seul le Nord a participé à l’émergence d’une chanson franco-ontarienne, à preuve, le groupe 33 Barrette, fondé à Ottawa, qui a pris part à la 3e édition de la Nuit sur l’étang en 1975, à Sudbury. Cet événement, qui s’imposait déjà parmi les principaux symboles du dynamisme culturel franco-ontarien, consacrera le groupe parmi les grands de la musique en Ontario.

Le groupe 33 Barrette était composé des frères Jacques et Robert Pariseau, Philippe Bâcle, Guy Devost, Claude Chevrier et Lise Pharand. Son nom reprenait l’adresse d’un des frères Pariseau, à Vanier. 33 Barrette s’est produit un peu partout en Ontario français, avant de se scinder en 1980, puis de se retrouver le temps d’un spectacle. Son premier album, Ça fait si longtemps, paraît en 2003. L’album veut préserver le legs de 33 Barrette. Il réunit les chansons de son répertoire, qui parlent d’amour et du quotidien. La critique retiendra de 33 Barrette ses riches harmonies vocales.

Garolou, qui s’appelle à l’époque Lougarou, sera plus visible, ici comme ailleurs. Formé, entre autres, des frères Bobby, Marc et Michel Lalonde, le groupe lance son premier album en 1976, année de la fondation du Festival franco-ontarien à Ottawa. Garolou interprète des pièces du répertoire traditionnel français et canadien-français, mais en les mettant au goût du jour, avec batterie et instruments électriques.

Cette période faste pour la musique franco-ontarienne, avec comme têtes d’affiche les Robert Paquette, CANO et Garolou, sera suivie par un certain silence. C’est un auteur-compositeur-interprète, Paul Demers, qui viendra le rompre, depuis la capitale. Paul Demers est sur toutes les scènes à partir de la fin des années 1970.  Il mettra néanmoins du temps à produire son premier album, Paul Demers, lancé en 1990. Le deuxième, D’hier à toujours, sort en 1999, le troisième et dernier, Encore une fois, en 2011. Paul Demers est emporté par un cancer en octobre 2016.

Queen’s Park a désigné la chanson « Notre place », de Paul Demers, comme l’hymne officiel des Franco-Ontariens, en mars 2017. Écrite spécialement pour souligner l’entrée en vigueur de la Loi sur les services en français lors d’un grand gala organisé à Toronto en novembre 1989, elle avait fait tout un tabac. Les paroles de la chanson portent sur ce qu’il y avait alors et reste encore de plus mobilisateur en Ontario français : la langue, telle qu’elle réunit les francophones « de Pointe-aux-Roches ou d’Orléans… de Lafontaine ou de North Bay1».

            Pour ne plus avoir
            Notre langue dans notre poche
            […]
            Pour mettre les accents là où il le faut
            Faut se lever, il faut célébrer…
            Notre place
            Aujourd’hui pour demain.

 


1 « Notre place ». Paroles : Paul Demers ; musique : Paul Demers et François Dubé.

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Le groupe musical franco-ontarien 33 Barrette, [ca 197-?].

Source : Université d'Ottawa, CRCCF, Fonds Association canadienne-française de l'Ontario (C2), Ph2-278.

Photographie en noir et blanc d’un groupe de cinq hommes d’âge moyen, dans un parc boisé. Trois portent la barbe, deux ont les cheveux longs. Ils marchent vers la caméra, dans des vêtements décontractés. À côté d’eux, un homme d’âge mûr ramasse des ordures.