Vanier : un village dans la ville

La construction d’un premier pont de bois en 1836 sur la rivière Rideau par Charles Cummings, pont qui sera rebâti en 1845, puis remplacé en 1890, déclenche le peuplement du territoire qui deviendra Vanier. De nombreux fonctionnaires et marchands en profitent pour migrer depuis la Basse-Ville d’Ottawa déjà densément peuplée. Janeville est fondé en 1873, puis Clarkstown, quelque 20 ans plus tard. En 1909, le gouvernement de l’Ontario fusionne ces deux villages avec celui de Clandeboye pour former le village d’Eastview.

Pressés par l’archevêque d’Ottawa, Mgr Duhamel, de répondre aux besoins de cette banlieue en plein essor, les Pères montfortains de la Compagnie de Marie y fondent une paroisse en 1887, Notre-Dame-de-Lourdes, sur le chemin Montréal. Elle deviendra, avec sa réplique de la grotte Notre-Dame-de-Lourdes en France, un lieu de tourisme religieux. Ces mêmes Montfortains inaugurent l’église Saint-Charles, située sur l’avenue Beechwood, en 1908. Les Filles de la Sagesse arrivent, quant à elles, en 1891. Elles font construire un pensionnat et un noviciat sur le chemin Montréal. D’autres congrégations les rejoignent pour leur prêter main forte en matière d’enseignement. Plusieurs autres écoles verront le jour grâce à leurs efforts, dont cinq écoles élémentaires de langue française durant les seules années 1950. Eastview n’échappe pas au baby-boom de l’après-guerre, qui en fera une des plus importantes concentrations francophones de la capitale.

C’est à Eastview que la première école secondaire publique bilingue en Ontario est fondée en 1949. Le Eastview High School voit le jour suite aux interventions du maire Donat Grandmaître, appuyé de citoyens influents d’Eastview, dont le curé Edmond Ducharme de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes. Même si seuls certains cours devaient s’y donner en français (le français, le latin, l’histoire et la géographie), l’école fonctionnait de fait en français. Elle attirait des jeunes de toute la région.  Cette école, rebaptisée André-Laurendeau, deviendra une des premières écoles publiques de langue française de la province. La municipalité et l’église uniront aussi leurs efforts pour mettre sur pied un hôpital francophone. L’hôpital Montfort ouvrira ses portes en 1953. Il deviendra célèbre à la fin des années 1990 pour avoir suscité une mobilisation sans précédent chez les francophones de tout l’Ontario, opposés à sa fermeture décrétée par le gouvernement provincial.

Eastview prend le nom de Vanier en 1969 pour refléter son caractère francophone. Mais le visage français de Vanier commence déjà à s’estomper. Des deux tiers qu’ils étaient en 1971, les francophones ne forment plus que la moitié de la population de Vanier vingt-cinq ans plus tard, en 1996. Et leur profil se diversifie, entre l’arrivée de personnes qui occupent des emplois à statut élevé, scolarisées et fortunées, et celle de pauvres, souvent des femmes chefs de famille. Le paysage de Vanier tend à se fracturer le long du chemin Montréal, principale artère de la ville, entre son secteur plus institutionnel, à l’est, qui a abrité notamment l’Hôtel de ville jusqu’en 1985 et l’espace des commerces, centres de ressources et agences qui s’adressent aux plus démunis, à l’ouest. De nombreuses actions sont menées depuis 20 ans pour revaloriser le centre-ville. Parmi les initiatives visant à aider Vanier à conserver son identité, la création du Muséoparc Vanier en 2006 dans le but de faire connaître le patrimoine francophone de Vanier est unique.

i

Murale du pont Cummings au centre commercial d'Eastview, rue Selkirk, réalisée par David Yeatman, 2000. La murale représente la vie quotidienne aux environs du magasin général au début du XXe siècle. De 1998 à 2010, le groupe Publi-Arts a installé une trentaine de murales à Vanier.

Source : Muséoparc Vanier, circuit Vanier, arrêt 3, Mural Cummings (centre commercial Eastview).

Photographie en couleur d’une murale illustrant, de près et de loin, le commerce en brique « R.C. Cummings ». Ce dernier se situe sur une île, au centre d’une rivière traversée par un pont en métal.